Pourquoi le pervers est dans mon bunker? [Dannychoups♥]

Tssss. Journée longue. Fatiguante. Sans même parler de l'autre gugusse la, un autre prof. Le connard de playboy arrogant. En définitive j'étais pas fachée d'arriver dans mon bunker. Bon. Rienfoutage sur canap' bon bain chaud et gros dodo au programme. Quoi de mieux? Une fois la porte poussée, je lâchais mes sacs a cote du canap' en question avant de m'y vautrer confortablement. 
En faitje me retournais assez vite pour farfouiller dans mon sac. Au bout de 5 grosses minutes -et pas mal de jurons- je finis par trouver l'objet de ma convoitise. Ma bonne vieille Sega portable. 5 minutes supplémentaires furent nécessaires pour trouver ma disquette preferée. Oui. Je sais. On est en 2012. J'ai 24 ans. Et mon jeu préféré est le Galaga sur une console vieille de trente ans. 
Allons-y. C'est parti pour exploser mon record.

Enfin. Après une journée pénible comme pas deux, il allait enfin pouvoir se défouler. Les cours fini -plus tôt, emploi du temps bien accueilli par ses élèves comme lui-, il était passé au bunker, récupérer ses armes, avant de se diriger vers la salle de tir, sous le gymnase, tornade blanche aux yeux rouges sous la neige. Une demi-heure lui avait suffi pour évacuer toute la tension de la journée. Il n'y avait rien de meilleur que quelque chose requérant toute son attention pour oublier un peu l'autre grognasse.

Rentré au bunker, encore vide -Alwyn devait être à l'administration-, il en profita pour prendre une douche, l'eau tiède le délassant. Alors qu'il sortait, il entendit, de l'autre côté de la porte de la salle d'eau, verrouillée, celle du bunker s'ouvrir. Et se refermer en claquant. Han. C'était pas la petite, ça. Intrigué, à moitié habillé, la tignasse encore trempée, il ouvrit la porte en silence.

Lowhell. Putain, il avait oublié qu'elle avait été assignée à son bunker. Tant pis, il pourrait la faire chier, au moins, en lot de consolation. Et la vue qu'elle offrait était pas mal. Sauf qu'elle émettait des bruits plutôt... Étranges. Électroniques. Il s'approcha, toujours torse nu, n'y prêtant pas attention.

Je rêve ?!

L'exclamation lui avait échappé... Sérieusement... C'était quoi cette antiquité ?

Owi. Record pulvérisé. Bon. D'accord. Pas pulvérisé. Au bout de 4 parties je me suis améliorée de 75 points. Rien du tout. Mais c'est déjà une amélioration. Je lance une cinquième partie, et je suis tellement absorbée par ce qui se passe dans mon écran -ce jeu est un de ceux qui demandent le plus de concentration- que je ne vois nin n'entends pas ce qui se passe autour de moi jusqu'à un 'Je rêve' qui me déconcentre et fait capturer mon vaisseau par l'espece de papillon mauve du sixième round. Je relève la tête vers un visage qui me semble familier. Il me faut un temps de reflexion avant de mettre ma console a l'abir des gouttes d'eau qui tombent de sa chevelure puis de comprendre que ca n'est autre que mon collègue qui est penché au dessus de moi.

„... Que.... Qu'est-ce-que tu fous trempé et à moitié à poil dans mon bunker?”

J'en suis venue au tutoiement par protection. En fait je ne vouvoie personne. Eleves mis a part. Et encore. Vouvoyer des adultes leur laisserait croire que je les respecte. Sauf que moi, les gens que je respecte, j'ai des relations amicales avec eux. Alors bon. Puis surtout lui. Arrogant comme il l'est il pourrait croire que je reconnais sa 'supériorité'.

Hey hey hey. Minute.
„ Est-ce-que je n'ai pas été assez claire en disant que ce soir tu irais dans ton bunker et tu y resterais?”

Ou alors il cherche à me provoquer. Raaaaah et puis zut. 'Fait chier. Voila. Une raison de plus de préférer être un mec. Les stalker. Je le connais à peine mais à en croire ses abdos, même si je tente de lui foutre une raclée pour qu'il me foute la paix, et bien.... Il aura évidemment l'avantage. Hop. One more. Est-ce-que quelqunun pourrait avoir l'obligeance de m'expliquer POUR QUELLE RAISON il a fallu que je naisse femelle. Hein? Pourquoi?

Non, il ne rêvait pas. Enfin, il était plutôt en plein cauchemar, sur ce coup. Et sur ce coup, il était très con. Il avait oublié qu'Alwyn, de loin la plus sociable, avait été muté dans un autre bunker possédant plus de places. Le laissant seul ici avec Lowhell. Oh, la charmante coloc... Dans sa future lettre au père Noël, il irait demander... Il ne savait même pas quoi. Non, en fait, ça risquait d'être marrant, il lui portait déjà sur les nerfs, au bout d'une semaine, si elle ne s'y habituait pas, elle allait péter les plombs.

Ou lui, avec les thèmes de son jeu, sur lequel elle avait l'air à fond, vu le temps qu'elle mit à le capter. Bien. Une geek, en plus. Génial. Première réaction, au bout de deux minutes : mettre la console à l'abri. Ça promettait. Est-ce qu'en plus c'était une prude ? Elle n'en avait pas l'air, mais bon.

Pour la simple et bonne raison que je vis ici depuis quelques années. Et que tu viens de prendre la place de Rosebury, qui elle, rentre plus tard, et habitait dans ce bunker.

Avec la métamorphe, il était tranquille. Même s'il la trouvait bien trop généreuse et bonne poire. Au moins elle ne le faisait pas chier.

Quant à te ordres, tu peux te les fourrer où je pense, Lowhell. Et comme je suis condamné à vivre dans le même appart que toi, ce serait bien...

Il se pencha sur elle, avant d'éteindre vivement le bruit de sa console. Non pas sans en profiter pour jeter un coup d'oeil à la poitrine avantageuse de la jeune femme. Surtout que dans la position où il était, elle ne risquait pas de le voir, ce qui lui éviterait un pétage de plomb en règle.

Que tu baisses un coup le son.

Esquissant l'ombre d'un sourire tordu, il retourna vers sa chambre, avant de passer une chemise. Il n'avait pas l'intention de s'emmerder avec une colocataire excitée ce soir, avec la réunion qui avait foiré à cause de ladite coloc, il était en retard sur l'accompagnement physique-chimie. Sans lui jeter un regard supplémentaire, il s'attabla, sortant son PC, aux fiches d'utilisation des logiciels utilisés pour ce cours.

Tsssk. Il avait l'air paummé. En fait il avait l'air de flotter au pays des cauchemars. Je vous jure que c'est pas ma faute. Je n'ai pas utilisé mon don. C'est pas moi. Il a fait ca tout seul.

De... De... De quoi? Comment ca il habite la? Oh merde. Je vais devoir... Cohabiter avec lui? Mais... C'est encore un coup foireux de Smith. J'en suis sûre. Dans tous les cas... il va falloir que je planque mes consoles. Jamais eu un seul coloc qui supportait mes jeux. Et j'ai intêret à me méfier de lui je crois. Il a pas un profil de gamer. Pas plus de geek, remarque. Et encore moins de l'un doublé de l'autre, comme moi. 'Tendez... Rosebury c'était pas la nana qui voulait absolument me faire visiter la base? C'est sûr que ca va lui faire du changement...

Il commenca à poser une condition pour notre cohabitation... Comment ca, baisser le son? Mais... C'est Galaga. C'est sacré. Puis cette console là n'a pas de prise jack. Enfin j'en ai jamais cherché. Il peut rêver. L'ambiance de Galaga est AUSSI due a la musique. Non mais.

Bon. Ensuite il est parti. Dans sa chambre, probablemment. Donc logiquement, la mienne était l'autre. Je m'étirais un coup, déménageais mes deux sacs, attrapais un pyjama -en fait un legging noir et un t-shirt trop grand estampillé 'Marine Nationale'- puis me dirigeais vers la salle de bains où je pris finalement une douche rapide. Flemme intense de laver/secher les cheveux. Et puis je l'ai deja fait avant-hier. C'est en sortant que je me rendis compte que des vêtements intrus etaient dans la pièce depuis le début. Un boxer et une chemise qui n'étaient surement pas à moi. Avec un soupir, je recupéris mes affaires, pour les ranger, puis attrapais celles de mon coloc.

Je rentrais dans sa chambre, lui passais ses fringues sous le nez puis m'assis sur son lit.
„J'ai trouvé des trucs qui ne sont certainement pas à moi, je devrais en faire quoi à ton avis? ”

Mais non, c'est pas du tout parce que j'ai besoin dnun bouc émissaire à faire chier et qu'il a parfaile profil. Pas du tout. Jamais de la vie. Je suis pure et innocente, vous le savez bien. D'ailleurs je m'habille en robe longue et pas en treillis comme toutes les jeunes filles bien élevées.

La tâche ne lui demandant que très peu de réflexion, Danien était plongé dans ses pensées, ses doigts tapant automatiquement des utilisations tellement simples qu'il lui semblait aberrant que des élèves puissent seulement ne pas comprendre. Pourquoi Smith avait-il opéré un tel changement ? Alwyn était l'une des seules à le supporter, parce qu'elle était si peu antipathique qu'il ne cherchait même pas à l'emmerder. Il y avait déjà eu des tentatives de meurtre, incluant toujours Bellanger. Alors c'était ça. Il voulait se débarrasser de lui. Pourtant il aurait du mal à trouver un remplaçant. Il comprenait très bien ses envies d'assassinat envers Lowhell. Et encore, elle venait à peine de débarquer.

Toujours à carburer dans son petit crâne, il ne fit pas attention aux bruits dans la douche. Il aurait pu ignorer complètement la rousse de la soirée -ou la mater ouvertement, s'il n'avait rien eu d'autre à faire- si elle ne s'était pas invitée dans sa chambre. Hé ! C'tait pas censé se passer comme ça ! Depuis quand c'était les femmes qui décidaient d'elles-même de venir squatter ? Il allait la rembarrer, se retournant juste à temps pour voir flotter devant son nez sa chemise... Et son boxer. Oh. Avec son intrusion, il avait oublié. Ton froid, pas concerné. Voire pas du tout.

Si déjà tu prends la peine de les ramasser, t'aurais pu les mettre direct dans la corbeille à linge.

Il retourna complètement son fauteuil, se mettant face à elle, la fixant de ses prunelles aussi rouges que celles de sa colocataires étaient noires. Si ce n'était pas elle, il se serait volontiers plongé dedans. Ou ailleurs.

Comme toute bonne femme de ménage qui se respecte.

Oh oui, il la prenait pour une incapable. Elle en avait très bien fait la démonstration ce matin, elle n'avait plus rien à prouver. Il allait se retourner, mais...

...
Parce que t'es le genre de personne à soutenir la Marine ?

Sans aucune raison apparente, cette idée lui semblait risible au possible. Un éclat de rire sardonique s'échappa.

Au moins le bas est mieux. Ça te moule les jambes. Il laissa une pause. Sûrement parce qu'il est une taille trop petit.

Sur ces derniers mots, il se retourna, il l'espérait, définitivement. L'attitude 'Et t'es priée de dégager de mon lit, ma grande' était de mise. Et si certains se posent la question, oui, c'est le genre de détail qu'enregistre Danien quand il a une femme en face de lui. Qui plus est quand c'est dans sa chambre. Fallait pas rêver, on le changerait pas.

Il s'était retourné, agacé. Je ne relevais pas son commentaire désobligeant sur le ménage. Je le voyais me fixer de son regard transpercant, presque sanglant.

Suite à sa seconde remarque, je zieutais mon t-shirt. Et bah quoi? Qu'est ce qu'il avait contre la marine?

„ Non. Le genre de personne à tenir aux cadeaux faits par des amis chers. ”

Je n'en ai pas eu beaucoup alors j'ai tendance à les adorer -les amis, pas les cadeaux. Quoique. Tssssk... Et voilà qu'en plus il se foutait de moi. Une forte envie de bouder me prit. Bouder. La dernière fois que j'ai fait ca, j'avais dix ans. Trois mois plus tard je faisais ma rentrée à la pension St Patrick. Mauvais souvenir. Quoique. J'avais aussi traumatisé Smith. Et ca, par contre, c'était marrant.

Comment ca il est mieux? Ct'un compliment? Ou une insulte déguisée? 'Surement parcequ'il est une taille trop petit'
Bon. A sa décharge, c'était pas faux. De mes quinze ans qu'il datait le truc. Alors j'admettais volontiers avoir pris du volume depuis.

„Et à part des insultes et critiques plus ou moins déguisées, tu as quelque chose à dire ”?

Non parce que si tu ne comptes pas parler, je vais chercher ma console et je reviens. Besoin de présence humaine. Pas d'affection, mais de présence. J'étais comme ca. Et ce n'étais pa slui qui allait me changer.

Parce que la grognasse se révélait sentimentaliste en plus ? Danien ne se retrouvait pas avancé. Les sentiments, c'était pas du tout son truc. Le pire étant peut-être qu'elle prenait tout bien. Beaucoup trop bien. De l'énervement, il aurait très bien compris. Après tout, il se montrait froid et assez odieux. Cette nana commençait à le faire douter en sa capacité à être infâme. Ça commençait à puer, cette histoire de coloc.

Quelque peu agacé, il se retourna à nouveau, posant ses lunettes sur son bureau. Pas qu'il soit atteint précocement, mais il avait tendance à avoir les yeux... Sensibles.

Emily. Oh, un prénom. Si t'as rien de mieux à faire... Tu voudrais pas déguerpir ?

Voyant sa moue boudeuse -une vraie gamine- il nuanca :

Ou au moins me foutre la paix le temps que je finisse. T'auras tout le loisir de me faire chier ensuite.

Oh oui. Parce que c'est ce qu'il comptait faire de son côté, et qu'elle ne semblait pas être du genre à se laisser marcher sur les pieds. Attendant sa réponse, il resta plantée face à elle. Parce que ses fiches l'enthousiasmaient moyennement, mais il avait intérêt à les expédier au plus vite.

Il avait fini par se planter devant moi. Excédé. Tellement qu'il a utilisé mon prénom. Très bien, bonhomme, t'es en progrès. Continue comme ca. :3
Oh? Lui foutre la paix le temps qu'il finisse?
„ Ca veut dire que je pourrais te faire chier quand ca sera fini? Ch'uis partante. Qu'est ce qu'il faut faire? Ca a l'air d'être à peu près mon domaine. ”

Owi. Aidons-le pour mieux le faire chier ensuite. C'est pas une bonne idée, ca?

Un sourire purement ironique étira ses lèvres.

Ce que tu fais depuis tout à l'heure, ma grande...

Et les surnoms de merde, bien génériques, elle réagissait ? Parce qu'elle semblait impassible. Il finit la fiche Rastop, Phylogène et... C'était tout. Il épargnait le reste aux élèves. Pour l'instant. Mais si l'autre continuait à...

Dis. Plus tu vas me souffler dans le cou, plus je vais continuer ces fichus récapitulatifs. Tu penses que si je vais expliquer ça à mes élèves ils te haïraient suffisamment pour organiser ton assassinat ensuite ?

Oh oui. Une Emily morte et du sang partout. Il savait de quoi il allait rêver ce soir. Finissant, il s'étira, se relevant.

Sérieusement. Tu comptais vraiment me faire chier ? Et tu comptes arriver à ça comment ?

Parce qu'une nana dans sa chambre, le soir, ça lui donnait d'autres idées.

D'accord avouons-le, pour le coup je boudais carrément. Moins pour le 'ma grande' que parce que je m'étais fait rembarrer, d'ailleurs. 

„ En fait je te proposais mon aide pour tes fiches. Stupide personnage. ”

Paaaaauuuuuuvreuh zélèves. J'ai pitié, là. Vraiment. Non... Le plus marrant c'est si j'ai cours avec eux juste avant l'autre. Ca serait plus que facile de leur insuffler une haine fatale envers leur prof. 

„ Au fait... Il a un nom le type aux abdos impressionnants que j'ai aperçu tout à l'heure? Il est prof de Sciences, je crois. Tu connais?”

Mwaha. Enfin, il avait fini. Il se retourna avant de me parler à nouveau. 

Sérieusement. Tu comptais vraiment me faire chier ? Et tu comptes arriver à ça comment ?


„ Oui m'sieur. Mais si j'te le dis ca sera plus une surprise. ”

Il ne réagit même pas. Il était tout à fait capable d'exécuter une tâche simple tout seul, surtout si c'était pour son propre cours. Est-ce-qu'il avait voulu l'aider elle pour les siens ? Bon, en même temps, l'informatique, il s'y connaissait uniquement dans les domaines dont il avait besoin. C'était pas du tout son truc. C'était juste histoire de s'en servir en cours et ne pas passer pour un con lors d'un plantage d'ordi. Il ne réagi pas au 'stupide'. S'il s'énervait pour si peu, ça finirait en bain de sang. Il aurait bien voulu, mais à ce qu'il parait, fallait éviter. Soit.

T'as du te planter. Le prof de Sciences est un petit rabougri.

Ça risquait plus d'être le prof d'histoire-géo. Ce qu'il se garda bien de lui dire.

Alors comme ça t'es seule dans un bunker avec un type ayant des abdos respectables et tu vas voir ailleurs ? T'es exigeante, comme fille.

Éteignant son PC, il alla la rejoindre sur son lit, ne se gênant lui pas pour s'y étendre. Après tout, c'était le sien.

Si tu te décides pas très vite, moi, je dors.

Ce qu'il comptait bien faire. Ou sortir en ballade nocturne. Grappiller trois ou quatre heures de sommeil, avec cette retenue qui commençait trop tôt demain.

T'as du te planter. Le prof de Sciences est un petit rabougri. 

Alors comme ça t'es seule dans un bunker avec un type ayant des abdos respectables et tu vas voir ailleurs ? T'es exigeante, comme fille.


Note à moi-même. Ne jamais user de la subtilité avec le coloc. Mieux vaut la jouer façon bourrin. 

„ ... Heureusement que t'es pas prof de lettres hein... La subtilité, c'est vraiment pas ça. Oublie, je recommence. ”

Je lui tendis la main comme si je voulais la lui serrer. 

„ Bonjour, je suis Emily Lowhell, prof chargée de l'Informatique, du soutien en maths et du Gift Accompaniment des Dons Mentaux. Et vous? ”

Attitude de la parfaite petite prof débutante et naïve. Les fringues en moins. J'arrêtais mes simagrées sans y avoir cru un seul instant avant de m'affaler à plein ventre sur le lit, coudes en avant, tête posée sur mes poings. J'étais en train de me rasseoir parce que la position était inconfortable quand il vint aussi sur le lit pour s'allonger vraiment. 

Si tu te décides pas très vite, moi, je dors.

Je me déplacais vers sa tête, pour être à son niveau puis me penchant en travers au dessus de lui, répondis. 

„ Et me décider à quoi, ô colocataire bourrin et bougon?

Et il n'avait jamais prétendu pouvoir l'être. Il avait appris le langage des points, celui des flingues, de la poudre et du sang, avant de converser avec des chiffres plus civilisés... Il n'avait jamais eu à parler ou jouer aux orateurs. De plus, là, il n'aspirait qu'à une chose. Ne plus rien faire. Se replonger dans les démons du passés, essayer de profiter d'un sommeil passager. Emily était un obstacle. Et il n'arriverait pas à s'en débarrasser. Fait chier.

Il la laissa faire son petit numéro, songeant qu'elle avait bien fait de ne pas se lancer dans le théâtre. C'était pas ça non plus. Il n'allait pas se fatiguer à relever son lapsus sur 'Accompagnement'. Il tourna la tête vers elle, lui balançant un regard mi-fatigué mi-exaspéré assez convainquant. Presque. Lui non plus, le jeu de scène, c'était pas son truc.

Ce que tu veux, ô colocataire infatigable et irritante.

Comme si. Depuis quand laissait-il les autres faire ce qu'il voulait de lui ? Jamais. Ça n'allait d'ailleurs pas commencer de sitôt. Surtout pas par une femme qui prenait ses aises chez lui. Aussi, lorsqu'elle vint se pencher sur lui, il remonta sur ses coudes, afin de redresser le haut de son corps et de l'atteindre. D'un mouvement vif, il l'embrassa à la commissure des lèvres. Pas comme s'il le voulait. Il se contentait de jouer. Il n'était pas mauvais en tant que goujat. Et espérait la dégoûter.

Moui. Je le soulais mais il se défendait même pas. Le jeu perd tout son intêret, la, je vais me faire chier..

Ce que tu veux, ô colocataire infatigable et irritante.

Ce que je voulais? Mais ca devenait un poil plus intéressant, là.

„ Ce que je veux...

Pas eu le temps de finir puisqu'il s'était relevé et avait effleuré le bord de mes lèvres. Euh... Oui certes. Il se comportait en gamin intimidé ou j'avais raté quelques notions importantes?

„Donc... Un semblant d'imitation de baiser faussement involontaire? Depuis quand est ce que mon connard de pervers de colocataire s'est transformé en adolescent timide et énamouré ”?

J'étais plus que dubitative. C'était censé me faire un quelconque effet? A part un doute soudain sur la santé mentale de mon vis-à-vis, j'entends.

Rire sarcastique.

Oh mais depuis jamais. 'Énamouré' ne convient pas vraiment pour me décrire.

Il était à nouveau allongé, totalement impassible, coudes pliés, mains croisées derrière sa nuque. Il avait l'impression que cette nana était encore plus chiante à cerner que lui -parce qu'il avait beau être tordu, au fond, c'était juste un connard. Ou non. Pour faciliter la compréhension, gardez juste en tête que c'est un connard, et qu'il agissait en tant que tel- ce qui n'était pas vraiment un compliment.

Si tu voulais y aller franco, fallait le dire...

Un truc de bien que ce faux mouvement venait de lui apprendre : C'ÉTAIT PAS UNE PRUDE. Ça, c'était bien. Il savait très bien qu'avec son caractère de merde, la baffe risquait d'arriver, mais il y avait ensuite deux options. Il l'envoyait bouler, et là elle lui foutait la paix. Elle cédait. Les deux lui plaisaient plutôt bien.

Sans plus attendre, il se redressa, se plaçant donc assis à côté d'elle, avant de la faire basculer, plantant un baiser brûlant sur les lèvres de la rousse, en profitant pour la faire basculer sur le dos. En fait, c'était bien, les T-shirts trop grand. Y avait largement de la place pour des mains baladeuses comme les siennes. Et en l'enlevant, ce serait encore mieux.

Un rire. Sarcastique. 

Oh mais depuis jamais. 'Énamouré' ne convient pas vraiment pour me décrire.

Aaaah... Tout de même. S'il se prête au jeu ca sera bien plus drôle. 

„ C'est ce que je pensais depuis ce matin. Mais vu tes dernières actions, je commençais à en dout...mmpfff ”

J'avais continué ma phrase quand bien même il m'avait répondu en même temps mais je fus bien obligée de m'interrompre, sous la pression insistante de ses lèvres. Je me laissais tomber en arrière, m'abandonnant totalement à son baiser. Admettons. Il y avait quand même un avantage à être une fille avec des attributs non négligeables. Mais un seul. Mon caractère joueur et enflammé aurait dû me pousser à reprendre le dessus. À le frustrer, l'énerver, jouer avec lui. Pourtant... Pour l'instant je voulais juste m'abandonner.
Le laisser faire. J'aurais tout le temps de jouer après... Après quoi? Allez savoir. Plus tard. Tellement plus simple de repousser la reflexion et de se laisser aller. 

„ Quelle est… la suite du programme? ”

Quel qu'il soit... je n'avais pratiquement pas de raison de le refuser... si?

Oh, apparemment étonnée, la Emily. Il retenait qu'il était pas mal pour brouiller les pistes quand il n'était pas vraiment dans son état normal, si celui-ci existait. Bon ou mauvais point, aucune idée. Disons que pour l'instant il était plus occupé par les lèvres et la poitrine avantageuse de la jeune femme. Occupations bien plus passionnantes, si vous voulez son avis. Il la laissa rompre le baiser, estimant qu'il en avait assez profité. Et qui joue les choquées maintenant ?

Parce que tu me laisses prendre les commandes ?

Fut sa première réponse instinctive. Il ne la pensait pas du genre à se laisser faire... Tant pis pour elle. Profitant qu'il soit toujours au-dessus d'elle, il remonta son T-shirt, geste aussi évocateur que ses paroles :

Tu t'en doutes quand même un peu... Non ?

Ils allaient prendre le thé tout les deux, tiens. Il n'y pouvait rien, l'air encore un brin ébahi de Lowhell l'amusait au plus haut point. La grognasse sous un nouveau jour après une journée à peine. Aha.

Faut que je te fasse un dessin ?

Profiteur jusqu'au bout, il ôta définitivement le haut de la rousse, remontant ses doigts le long de ses côtes. Besoin de préciser qu'il admirait la vue ? Dernière chance pour elle de se ressaisir.

[i] Emily sentit la pression se relâcher. 

Parce que tu me laisses prendre les commandes ?

Rire. Clair. Il résonne comme du cristal, heurte le mur et revient.

„ Pourquoi est-ce que ça vous étonne tous, systématiquement? ”

C'est vrai, Emily sourit calmement, tendrement. Amusée tandis que son colocataire remontait son t-shirt avant de l'enlever. 
Bien sûr qu'elle s'en doutait. Le contexte ne portait pas à confusion. 
Elle frissona en sentant les doigts du jeune homme courir le long de ses côtes. Il se penchait de plus en plus au dessus d'elle. La jeune fille eut un sourire carnassier. Le moment était venu. Souple et agile, elle se soustrait de l'étreinte de son amant et d'une roulade rejoint l'autre côté du lit, se retournant juste à temps pour le voir s'écrouler sur le matelas, visage en premier. Un rire lui échappa. Sardonique. Terrifiant. Un rire de psychopathe. Bon. Admettons que l'effet était quelque peu gâché par le fait qu'elle soit à moitié nue, à genoux sur un lit. Elle eut à nouveau un fin sourire en se rapprochant à nouveau de l'albinos. 

„Pas de dessin, non. Mais toi en train de bouffer ton matelas, ça mériterais une photo. ”

Oui. C'était méchant. C'était gratuit. Et elle, trouvait cela très drôle.