Coupure de courant, ou comment faire Boumbadaboum. [Alek']

J'étais dans le bunker, allongée sur mon lit, en train de lire du Voltaire, quand soudain... Hum, OK. J'enjolive un peu la vérité. Un peu beaucoup. En vérité, je lisais du Bernard Werber, et... Bon OK, j'étais sur mon ordinateur en train de lire des trucs pas très nets, et alors?! Voilà, c'est la vérité. Vous êtes contents, maintenant?

Bref. Là n'est pas la question. Je lisais tout en me demandant comment de tels enchevêtrements de corps étaient humainement possibles, et j'avoue que je me demandais quelle sensations cela pouvait procurer de se livrer à de telles pratiques. Mais je m'écarte du sujet. Oui, encore. J'ai une très légère tendance à tergiverser pour tout et pour rien, comme vous avez pu (ou pas) le constater.

BREF II, le retour. Je lisais, confortablement allongée sur mon lit, quand soudain... Pouf. Non non, aucune avalanche de poufs sortis de nulle part. Juste une coupure d'élec... comment ça, j'ai un humour de merde?! Même pas vrai.

Donc, je disais, une coupure de courant. Tout s'est éteint, jusqu'à mon très cher ordinateur et... La lumière. Quand elle est allumée, elle parait normale, acquise, mais quand elle n'est plus, on se rend compte à quel point la lumière est essentielle dans la vie quotidienne.
SURTOUT quand il fait nuit.

Tâtonnant comme si j'étais aveugle (c'était un peu le cas), j'ai effleuré une matière molle qui ressemblait à s'y méprendre à la couette de mon lit. Je me suis donc jetée dessus (la prudence et moi, ça fait... beaucoup) telle une énorme patate dans le noir (ce que j'étais, en fait). Et ai percuté un... quelque chose. De mou. Mais qui hurlait.
Le quelque chose m'a attrapée et m'a balancée par terre. Sauf qu'il/elle (oui, ça pouvait être une quelque chose) s'est balancé avec. Et m'est tombé dessus. Il devait s'agir plutôt d'une quelque chose parce qu'elle était étonnamment légère. Et puis, bon... j'avais d'autres preuves. Sans commentaires.

Je me suis tortillée un instant puis, voyant qu'elle ne faisait rien pour le moment, ai laissé tomber. Et puis, la moquette du sol était plutôt confortable. Moins que mon cher lit, certes, mais confortable tout de même.

J'ai fermé les yeux, attendant l'inévitable gueulante qui allait suivre. Et vu la proximité que nous avions, mes tympans allaient en souffrir.

-----

Spoiler:

- Mais put…

C'est tout ce que j'ai entendu. Positiiiiiiive, Mina, positive. Au moins, elle n'avait pas pété les plombs et ne m'avait pas éclaté les tympans. Du moins pour l'instant. Je sais, je sais. Positiver n'est pas vraiment dans ma nature.
Soudain, j'ai senti à nouveau le poids de son corps contre le mien. En toute logique, elle avait dû chuter une seconde fois. Hum... Je vous avais bien dit qu'il ne servait à rien de positiver! De toute manière, tout finissait toujours par mal tourner.
Au cas où quelqu'un se poserait la question, je ne vois jamais le verre plein. Toujours vide.
Tentons de faire la conversation.

- Euh... il fait... nuit, hein?

Minable, Mina, minable. D'ailleurs, le mot commence par la même lettre que ton prénom. Si ce n'est pas un signe... Oui, je me parle, un problème? J'espère bien que non.

[Sorry pour le titre! ^.^ Et sorry aussi pour la courteur o/]

- Tu peux pas te relever ?

Bah non, débile! ai-je eu envie de lui répliquer. Elle m'égalait presque, questions remarques débiles et totalement inutiles. Je dis bien, presque. Parce, tout de même, j'étais LA Mina Blackson, championne des allusions perverses en tout genre, des jeux de mots merdiques, des blagues pourries ET des commentaires débiles et inutiles. Personne ne me détrônerait jamais.
Enfin bref...

- Pas vraiment, non. J'en déduis que c'est également ton cas... Mon Dieu, si quelqu'un entre...

Nous étions bel et bien emmêlées l'une à l'autre. Il n'y avait pas à dire, nous n'étions pas douées DU TOUT.

C'est bien ce que je pensais. On était dans la merde. Vous n'avez jamais ressenti un sorte de grand vide dans votre cerveau, comme si vous ne contrôliez plus rien. Et puis cette sensation de vide.... toutes mes forces m'avaient quitté. Et je devais rester coller contre cette inconnue, dans une position assez... Sensuelle.

- On est dans la merde, terminais-je à sa place, même si la suite de sa phrase était évident.

Non que je sois gênée par le fait que je sois bisexuelle, ni que cette position puisse être qualifiée de "chaude" - je n'étais pas une âme sensible et pure. Je n'étais plus vierge depuis longtemps- mais c'est surtout que j'étais gênée qu'on puisse nous voir ainsi. Foutues rumeurs..

- On est dans la merde...

- Ouais, et bien profond...

Non. NON. Mina, ne pense à rien. A RIEN. Pourquoi diable est-ce que j'utilise toujours des termes qui peuvent porter à confusion, hein? HEIN? J'aimerais bien le savoir. Espérons qu'elle ne l'aura pas relevé et que je n'ai pas eu sur le visage un de ces sourires sadiques qui me sont propres.

Enfin bref. Je n'étais pas vraiment ce qu'on pouvait appeler une fille bien sous tous rapports, ce n'était donc pas vraiment ce genre de quiproquo qui allait m'effaroucher. Du moins, tant que personne n'entrait.
En fait, ce n'était pas tant le fait qu'on me voie collée à une fille qui me gênait, car il était de notoriété publique que j'étais bisexuelle (mais bon, vous avez vu le peu de garçons ici en même temps?) mais plutôt le fait que les gens pensent... Des choses.

- Bon, positivons. Pour l'instant, y'a personne et il fait noir. Donc personne ne peut nous voir.

Puis, mon sens de l'humour (certes merdique) a repris le dessus :

- Manquerait plus que, je ne sais pas, David entre et trébuche.

- Aucunes chances, il doit encore être en train de dormir. Ça veut aussi dire qu'y a personne pour nous aider.

J'ai hoché la tête mais évidemment elle ne pouvait me voir.

- De toute manière, ai-je rétorqué pour me consoler, il aurait éclaté de rire pendant des heures et ça se trouve il ne nous aurait même pas aidées. Enfin bon, c'est beau de rêver.

J'ai soupiré. J'ai entendu Aleksandra émettre un gloussement nerveux. Enfin bon, ce n'était pas le moment de ri... Merde. Cela me prenait aussi. Je sentais déjà les commissures de mes lèvres se relever et un rire légèrement hystérique commencer à monter dans ma gorge.
Je n'ai pas pu tenir plus de deux secondes. J'ai éclaté.

- Ahhhhh... c'est... trop ridicule... On est coincées comme deux... gourdes et... je peux que rigoler comme une débile... Pitié, achevez-moi...

Ben oui, il vaut mieux en rire qu'en pleurer. Non? Si. Et puis fondre en larmes aurait été encore plus ridicule que de partir dans un fou rire.

Ouais. Si il avait réussi à être éveillé plus de trente secondes. Enfin passons, ce n'était pas en parlant de David qu'on allait s'en sortir. Et puis on s'en foutait un peu, autant être franche., même si le faire remarquer ne nous avancerait pas du tout.

Pourquoi les bons fous rires, les vrais, les longs, les douloureux, les tordants, n'arrivaient que dans des situations bizarres ? Et plus j'entendais le rire de Mina, plus je déconnectais et riais. On était vraiment des padwés. Il valait mieux en rire qu'en pleurer.

- Il faudrait peut-être penser à trouver une.. commençais-je avant de m'étouffer de rire.

- Il faudrait peut-être penser à trouver une... a commencé Aleksandra avant d'exploser de rire.

Evidemment, c'est dans ce genre de situation que je n'arrive plus à m'arrêter. Je l'ai rejointe dans les méandres du fou rire, incapable de m'arrêter. Franchement, il n'y avait que nous pour nous mettre dans des situations aussi... inextricables! Et c'était le cas de le dire.

- Oui... une... solution, suis-je parvenue à acquiescer entre deux gloussements. Je.. je réfléchis, hein. Même si ça ne se voit pas...

Et hop, c'était reparti. Au moins, j'avais réussi à tenir une phrase plus ou moins cohérente. Bon, OK, surtout moins, je l'avoue. Maintenant, c'était bien joli de le dire mais il fallait VRAIMENT que je réfléchisse. Sauf que... mon Dieu, maudites soient les coupures de courant!

Je haussais des sourcils tout en éclatant de rire. Une solution me venait à l'esprit. Sans en faire part à la personne sur laquelle j'étais allongée - en même temps, elle était trop occupée à mourir de rire-, je roulais doucement sur le côté, en l'écrasant le moins possible. Bon, pas mal. Je m'étais juste pris le canapé et le tapis dans la gueule, rien de bien méchant. La poussière soulevée par le choc me vint directement dans les yeux - Hum, il serait temps de faire le ménage, avant s'en prenne plein la gueule- . Bon, au moins je n'étais plus allongée sur Mina. Par contre, je n'avais plus de force.

- L’est où l'interrupteur ?

Soudain, j'ai senti un poids en moins. Aurait-elle, ô, miracle, réussi à se dégager? On voyait l'incapable et celle qui l'était déjà un peu plus. J'ai entendu sa voix qui me demandait où se trouvait l'interrupteur. Elle semblait provenir de plus loin, ce qui a confirmé mes suppositions.

- Attends, ne bouge pas, ai-je dit. Je vais essayer de...

J'ai alors fait la chose la plus stupide du monde en une telle situation : je me suis levée. Tâtonnant, en mode zombie, je me suis mise à marcher à l'aveuglette, trébuchant de temps en temps sur un lit ou sur un truc non-identifiable. Quand, enfin, au bout de cinq voire dix minutes de recherches plutôt douloureuses, j'ai trouvé l'interrupteur, c'était pour m'apercevoir que, malheureusement, l'électricité ne revenait pas plus. Visiblement...

- Bon, en ai-je conclu. Je crois qu'il ne nous reste plus qu'à attendre...

Pas de soucis, je la laissais chercher, tant que je n'étais pas allongée sur elle - ou autres positions bizarres qui, pour les gens qui n'avaient pas vu entièrement la scène, pouvaient sembler être sexuelles- il n'y avait aucun problème. Elle mit du temps à le trouver, ce put' d'interrupteur à la noix. Pour finalement m'annoncer qu'il n'y avait plus de courant. Génial. On était bien avancée. Même si l'obscurité ne me dérangeait pas tellement, en fait.

Je me levais, essayant d’identifier l'endroit où elle pouvait se trouver. C'était tellement mieux, si on ne voulait pas reprendre notre position de départ. Bien évidement, il fallut que je lui écrase... quelque chose de dur et non identifié. Je sursautais et reculais.

- Pardon... C'était ta main ?

Voici les boulets du jour !

Bon. Nous n'étions pour l'instant absolument pas en mesure de régler le problème. Dooooonc, le mieux à faire - pour une amoureuse du confort telle que moi, en tout cas - était de chercher un endroit confortable où s'asseoir.

- Le canapé, le canapé... ai-je émis.

J'ai repris le mode Zombie, que j'affectionnais décidément, pour chercher mon tant attendu canapé. Alors...

- Aïe!

De deux choses l'une : soit le canapé s'était soudainement transformé en Zombie écraseur de pieds, soit Aleks avait décidé de... de faire je ne savais quoi mais de se remettre en mouvement.

- Pardon. C'était ta main?

- Non, mon pied, ai-je gloussé. Mais ça revient au même.

Il n'y avait que moi pour rigoler dans une situation pareille, alors que je venais de me faire écraser le pied en plus. J'étais maso, c'était confirmé.
LEVEL UP, MINA.

- Vraiment désolée.

Je continuais à avancer, au ralentie pour ne pas rep-percuter Mina - ce qui ne servait absolument à rien vu que je ne savais pas où elle était- quand la lumière revint. Ca aurait du me réjouir, non ? Vu que j'avais les yeux fermées pour m'en remettre à mes autres sens, quand la lumière revint, je fus éblouie. Et je me rétamais par terre, pour la deuxième fois de la journée. Sauf que cette fois-ci, il n'y avait pas Min' pour amortir la chute.

-Je sais pas ce que j'ai aujourd'hui, mais c'est pas super.

Je me relevais et allais chercher de la glace pour ma tête, pour m'empêcher de me retrouver avec un énorme bleu sur le front.