Avoir le sens de l'orientation, c'est bien, aussi.

Je resserre mon manteau autour de mon corps, avant de finir par me décider à en nouer la ceinture. Dire que la température est fraiche est un euphémisme. On se les gèle. Sous mes pieds, les brindilles mortes craquent. Mon regard balaie la cime des arbres. Il manquerait plus qu'il pleuve. Je rebaisse la tête, mes cheveux masquant mon visage, quand je sens une goutte. Oh, non, pitié pas ça ! A croire que c'est obligé. Il se met à pleuvoir. De grosses gouttes s'éclatent sur mon crâne, mon manteau, mes jambes, le sol, partout. P'tain. Et mes cheveux, qui vont se remettre à boucler. J'avais passé trois plombes à les lisser. Je fais volte-face, et prends le chemin inverse. Je vais tout droit, tourne à droite, puis à gauche... Je suis complètement perdue. Saloperie de forêt, tiens ! Je passe une main dans mes cheveux trempés. J'aurai pas pu être tripatouillée génétiquement, et avoir quelque chose de plus pratique que de connaître le passé des gens, non ? En plus qu'est ce que j'en ai à foutre, des gens ? Avoir le sens de l'orientation, ç'aurait été une bonne idée ! Pff. Les gens ne réfléchissent jamais.
Oui, je suis bien placée pour dire ça alors que je viens de me perdre dans une forêt. Très bien placée. Je commence à parler toute seule. Limite si je n'irai pas me taper la tête contre les arbres. Je shoote dans une pierre d'un geste rageur. Pierre que je vois atterrir quelques mètres plus loin sur le dos d'une fille. Quand je vous disais que les gens ne réfléchissent pas ! Qui peut être assez idiot pour venir dans la forêt alors qu'il pleut ? J'enfonce mes mains dans les poches de mon manteau et continue ma route.

-Punaise, espèce de princesse de la paresse, dis-moi où tu nous a embarquées!

- C'est qui qui voulait se balader en forêt? C'est toi. T'avais qu'à pas me suivre. Je t'avais dis que j'ai un sens de l'orientation pourri... Ah nan attends, je te l'ai pas dis, ça, fis-je avec un mauvais sourire. Et puis arrête de bouffer, je vais finir par devoir te rouler jusque ton bunker! Quoique, je crois que je te laisserais là...

Oui, on était perdues. Par ma faute. Mais ça m'arrangeait, tant que ça l'énervait, hein... Il pleuvait. Il faisait froid. Mais on était quand même ici. Elle avait proposé, j'allais pas refuser son offre quand même! Et puis, j'aimais beaucoup la forêt. Lieu de repos avec la bibliothèque en fait.
Bref. On était donc perdues dans la forêt. Enfin, J'étais perdue avec une folle. Super. Soudain, une silhouette se dessina au loin. Encore un adepte aux balades en forêt comme l'autre? Ou bien qu'il s'était perdu lui aussi? Au pire j'en avais rien a foutre, moi, hein... Sauf que Kyouko s'élança vers la personne, mais dérapa et atterri sur les fesses. Je ne me retenais même pas. J'éclatai de rire et me posta devant elle.

- Ca va, c'est confortable, la boue?

Je me pris direct un caillou dans le dos. Et ce n'était même pas Kyouko. Je me retournai, c'était la fille. Oui parce que c'était une fille. En laissant Kyouko derrière moi, je me dirigeai vers l'abrutie qui m'avait lancé cette pierre dans le dos en gueulant:

- Putain mais ça t'amuses de balancer des cailloux sur les gens, toi?

La fille aux cheveux rouges s'élance vers moi, et se rétame. Le cul dans la boue. L'autre se marre, avant de venir vers moi et de me gueuler dessus. 'Putain ta gueule', c'est tout ce que j'ai envie de lui rétorquer. Et l'autre, aux cheveux rouges, qui s'y met en hurlant à son tour. En plus, elle me pointe du doigt. Mais elle a quel âge ? Mentalement, je veux dire ? Parce que soit elle est atteinte, soit elle s'est pété un boulon ! Ignorant la première, je réponds à celle aux cheveux rouges.
-Je suis peut-être une abrutie, toujours est-il que je ne suis pas dégueulasse, je réponds d'un air dédaigneux. Et si c'est par ma faute que tu vas devoir laver ton jeans, c'est que ça ne doit pas arriver bien souvent. Conclusion ; Au lieu de menacer, on dit 'merci', bouffonne.
Je croise les bras, levant mentalement les yeux au ciel -oui, oui, c'est possible-. Je me tourne vers la première, aux cheveux noirs ;
-Ca te sert à quoi de brailler ? J'ai pas de problèmes auditifs, aux dernières nouvelles. Et non, ça ne m'amuse pas. J'ai pas fait exprès.
Enfin, si tu m'avais gueulé dessus avant, si, ça m'aurait amusée, j'ajoute pour moi.

Elle se dirige vers moi avant d'empoigner mes cheveux. Elle me crache que j'ai une tête de pédophile. Enregistré. Je pourrai faire peur aux enfants, à Noël. C'est déjà ça. Mais qu'est ce que je raconte ? Je n'ai PAS une tête de pédophile ! Et surtout pas d'envies envers elles. Surtout pas. Elle continue à me tirer les cheveux, la Roukmoute. J'exerce une pression sur son bras et elle me lâche. Je grimace lorsque son passé m’assaillit. Bouh, c'était pas jouasse, dans sa vie ! Etre séparée de ses soeurs, ses jumelles, comme ça, ça doit pas faire plaisir. Je tords son bras dans son dos, pour ne pas me laisser envahir par de quelconques sentiments.
-T'es agressive depuis toujours, ou c'est juste depuis que t'as été balancée dans une famille d'accueil, séparée de tes soeurs ? je lui demande avec un rictus mauvais.

-Je suis peut-être une abrutie, toujours est-il que je ne suis pas dégueulasse. Et si c'est par ma faute que tu vas devoir laver ton jeans, c'est que ça ne doit pas arriver bien souvent. Conclusion ; Au lieu de menacer, on dit 'merci', bouffonne.

Je rêve où elle venait de remballer Kyouko? Décidément, cette fille était une vraie conasse, c'était à moi de l'emmerder, pas à elle! Et puis, c'était de sa faute, elle avait qu'à pas m'envoyer cette pierre dans le dos, j'aurai gentiment continué à me foutre de la tronche de l'imbécile qui s'était rétamée par terre. Son pantalon était plein de boue, elle s'était à nouveau ridiculisée toute seule, ça aurait été une merveilleuse occasion de continuer à la faire chier. S'il n'y avait pas eu ce caillou qu'elle avait trouvé bon de me balancer dessus. Le savoir vivre ça existe, elle en penserait quoi, elle, que je prenne un bâton et lui envoie à la tronche?
Elle se tourna vers moi et lança, les bras croisés:

-Ca te sert à quoi de brailler ? J'ai pas de problèmes auditifs, aux dernières nouvelles. Et non, ça ne m'amuse pas. J'ai pas fait exprès.

-Normal, personne n'a une gueule de pédophile, toi si. Et je n'ai aucun merci à te donner, le seul qui pourra dépasser la barrière de mes lèvres, c'est un merci à la Brunette pour me faire chier tous les jours.

Ironie? M'enfin, le problème ici, c'était cette fille. L'autre débile lui avait tiré les cheveux... Et puis lui jeter le hochet à la tête, aussi, nan? N'importe quoi, vraiment!
La conasse lui tordait son bras dans le dos, et dit avec un mauvais rictus aux lèvres:

-T'es agressive depuis toujours, ou...

Je n'entendis pas la suite de sa phrase, je lui envoyai un coup de pied dans le ventre pour qu'elle la lâche, et se taise, au passage. Sa voix commençait à m'énerver.

- La seule qui emmerde cette abrutie ici, c'est moi, c'est clair? Je gueule si je veux, déjà l'autre n'a pas réussi à m'en empêcher, c'est pas toi qui y parviendra.

Nan mais c'est vrai, personne ne me volait ma place de chieuse professionnelle.Au pire, je m'en fichais pas mal qu'elle torde le bras de Kyouko, ça me fera des vacances, mais qu'elle se croie tout permis, ça non.

La 'Brunette' me fout un coup de pied. Bande de tarées. Pis j'ai rien fait, moi, à la base ! Mmh, arhem, on y croit. Je me casse la gueule dans la boue. Wow, c'est pas loyal, déjà ! Je me relève, et gémis, en parfaite imitation de celle aux cheveux rouges ;
-C'est à cause de toi que je vais devoir laver mes vêtements ! Oh la la !
Je lève les yeux au ciel. Et colle un coup de poing dans la mâchoire de celle aux cheveux rouges. J'ai un sourire satisfait lorsque je vois sa tête partir violemment sur le côté, et sa queue de cheval se défaire.
-Dommage, si je me fais prendre, j'aurai qu'à dire que je me suis fait attaquer par des soeurs jumelles folles et hystériques avec un QI trop bas pour aligner deux pensées cohérentes.

La fille atterrit avec délicatesse sur le sol. dans la boue. Hehe. 'L'avait qu'à pas me chercher, hein... L'autre débile que je venais de sauver ( oh vous verrez, elle me devait un service, là! Nan, j'étais pas du tout en train de m'imaginer une tache ignoble à lui donner, naaaan ) remit ses cheveux en ordre avant de dire:

-Dommage si on se fait prendre, Brunette, on aura comme seul motif; "On a cru que c'était un pédophile, on a attaqué, comme vous nous l'avez appris!", ou alors tu as une idée meilleure que celle que j'ai eu.

Ah ouais. C'est vrai, j'étais pas censée frapper les gens ici, moi... M'enfin, c'était une exception et ça n'arrivera plus. Promis!... Pourquoi vous n'avez pas l'air convaincus, là?
La 'pédogirl' se releva en imitant Kyouko ( je me serai foutue de sa gueule si je n'étais pas aussi énervée contre elle ), et colla un coup de poing dans la mâchoire de cette dernière. Att... Attendez, elle venait de la frapper? La pédogirl venait de frapper Kyouko? Oh putain mais elle allait se manger le sol dans quelques secondes, et rien à foutre si je me fait capter, j'avais pourtant été claire, la seule à l'emmerder, c'était MOI. et personne d'autre. Lente à la comprenette en plus de ça? Elle continua:

-Dommage, si je me fais prendre, j'aurai qu'à dire que je me suis fait attaquer par des soeurs jumelles folles et hystériques avec un QI trop bas pour aligner deux pensées cohérentes.

T'es morte, ma viei-... Wow, stop! Qu'est ce qu'elle venait de dire, là? Soeurs jumelles? Mais elle a bu quoi, cette fille? Elle devait commencer à délirer, Kyouko ne pouvait même pas avoir un quelconque lien avec moi, je ne pouvais pas être de la même famille que cette débile. Conclusion, la pédogirl délirait.
N'oublions pas qu'elle venait de frapper la goinfre qui me servait d'ennemie ( punching ball verbal, je pouvais me déchainer en aillant un peu de résistance, y'a des personnes beaucoup trop molles... Enfin je me comprends ), ce qui était totalement inadmissible. en plus, Kyouko se laisser taper tranquillement, elle me laissait tout le travail. Oui, un jour elle se prosternera devant moi, en me suppliant de l'épargner, vous verrez!

- Bon, la pédogirl, tu devrais peut être te poser quelques questions, t'es en plein délire, là.

C'est décidé, la prochaine réplique débile et elle se prend mon poing dans la tronche.

J'ignore leurs répliques, jusqu'à ce que la tarée aux cheveux rouges me foute un coup de coude dans les seins. Mais c'est quoi son problème, à c'te tarée ?!
-Et après, c'est toi qui parles d'attouchements ? Non mais je rêve !
C'est là qu'elle se rapproche rapidement de la 'Brunette'. Afin de l'embrasser. J'étouffe un rire.
-D'accord. Des soeurs lesbiennes, c'est possible après tout, je lance alors qu'elle la relâche. T'avais pas besoin de tout ce cheminement pour emballer ta 'Brunette', hein. J'ai rien contre les gouines.
Si lle espère me faire gober déjà d'une, que c'est pas sa soeur, et de deux, qu'elle n'est pas lesbienne, je crois que je fais un meurtre. Sur l'une des deux, de préférence.

-T'as de la merde dans les yeux, pouffiasse? Ce n'est pas ma soeur jumelle, et ça se voit.

Entièrement d'accord avec elle. Profitez en, je ne risque pas de me répéter. Elle se releva, et lui donna un coup de coude dans la poitrine. Putain elle était malade, cette fille, on frappe pas les gens là bas, ça fait hyper mal! M'enfin, c'était la pédogirl qui souffrait, pas moi, donc on pouvait faire une exception. Kyouko continua:

-La preuve...

Elle approcha rapidement, qu'est ce qu'elle fait, là? Nan, nan, attendez, elle faisait quoi là? Sans que je puisse protester, ses lèvres se posèrent sur les miennes, et... Oh putain c'est quoi ce délire? Je rêve où elle était en train de m'embrasser, là? Bordel Kyouko qu'est ce que tu fous?! Vous voulez savoir? Je louchais. Comme une débile. Nan, le pire, c'est que c'était la seule chose que je faisais. Je louchais. Immobile. C'est tout.
Bon, au bout d'une dizaine de secondes, je n'alignais pas deux pensées cohérentes. Mais WTF quoi, dégage Kyouko!
Elle se dégagea, je m'efforçai à garder un masque impassible ( attendez, je risquai ma vie si j'affichai quelconque émotion, là ).

- T'es vraiment débile, pas la peine de m'embrasser pour prouver qu'on n'est pas jumelles, fis-je en croisant les bras.

Bon, je dis ça, mais c'était un grand bazar dans ma tête, là. Je répondis à la pédogirl qui continuait à raconter des conneries pas croyables, en essayant de repousser les images de Kyouko m'embrassant le plus loin possible:

- P'tain, t'es bouchée, toi, hein. Je pense qu'on devrait mieux le savoir que toi, si on est de la même famille. De toute façon, c'est pas possible que j'aie les même gênes que cette débile.

Kyouko allait mourir, la pédogirl allait mourir, tout le monde allait mourir si ça continuait, je ne pouvais pas être entourée de gens normaux non? Enfin, même ça ça n'irait pas, les gens normaux sont chiants à en mourir.[/color]

[ elle dit ça mais je crois qu'elle est traumatisée à vie là xDD ]

'Nan j'suis boulanger'... Désolée, je devais le dire. Enfin, le penser.

-Vous vous êtes déjà regardées cote à cote devant un miroir ? je demande, sérieuse. Parce que a part ses cheveux qu'elle a teint, et vos yeux, vous êtes pareilles, hein.

Je me dois d'insister, c'est comme ça. Celle aux cheveux rouges m'ignora pour repondre a celle qu'elle surnomme la Brunette. Soudainement, j'ai une idée. Ouais, parce que j'aime pas risquer de dire des conneries.

-Ta main, je lui dis.

Enfin, c'est plus pour lui dire que je vais toucher sa main. Lorsque je le fais, c'est son passé a elle qui déferle. Le même. Enfin, le début, le reste je m'en fous.

-Bon. A moins que vous deux, vous n'ayez des soeurs jumelles qui s'appellent de la même manière, que vous n'ayez été séparées de vos soeurs quand vous étiez des gamines, pour aller dans des familles d'accueil, mais que vous ne soyez pas soeurs...