21/12/12. Do you believe in World Ends, Sweetheart? You'll do with me. < Leiko

Vendredi midi. J'ai (enfin) fini les cours. Errant sans but précis dans les couloirs, j'entendais les conversations des élèves qui y fourmillaient.

- Dis... tu y crois, toi? en demande un, qui passe près de moi. A la fin du monde... C'est aujourd'hui normalement...

- Pfff! tu parles! réplique un autre. Un tissu de conneries, tout ça.

Tiens, c'est vrai. Depuis quelques jours, les conversations à l'école ne tournent quasiment qu'autour de cela. La supposée fin du monde, d'après le Calendrier Maya. Je n'y crois pas une seule seconde. Mais...

- Et si c'était vrai? ai-je rétorqué, calmement. Après tout, on ne sait jamais...

Ils ont fait volte-face, me regardant avec dédain. Je leur ai adressé mon plus beau sourire puis ai caressé Schlack, la panthère noire qui me suivait depuis hier (je rencontrais les animaux les plus exotiques sur mon chemin), et ai hoché la tête, faisant comme si elle m'avait parlé. Puis, je me suis retournée vers eux. Ils allaient voir. On ne méprise pas Mina Blackson impunément.

- Oh, vous savez, les animaux voient... ai-je mystérieusement commencé.

Là, ils ont commencé à paniquer, leur regard passant de moi à Schlack, puis de Schlack à moi. Ils commençaient à comprendre. Bieeeeen. Braves abrutis.

- Et ils parlent... ai-je ajouté. Alors, on flippe, hm?

Ils m'ont dévisagée, les yeux comme deux ronds de flan puis ont pris leurs jambes à leur cou. Héhéhéhé. Mina, 1. Messieurs JeSaisToutJunior, 0.

J'ai laissé échapper un petit ricanement satisfait, puis me suis retournée, dans le but de retourner à mon bunker. Et puis, il fallait que je trouve quelqu...

- Mina.

Une voix. Sa voix.
Un contact. Le sien.
Je me suis retournée, de nouveau. Quand on parlait du loup... (remarquez le fameux jeu de mots sur le fait que Leiko aimait tout particulièrement se transformer en louve). Tout à coup, je n'avais plus envie de rire de personne, si ce n'était de moi-même et de l'extrême niaiserie qui m'envahissait lorsque je voyais Leiko. Elle... Mon Dieu, jamais je ne n'allais m'habituer à une telle splendeur! Et elle était tout à moi. J'étais heureuse. Non. Mieux que ça, j'étais euphorique.

- Leiko! ai-je souri. Tu...

Elle ne m'a pas laissé finir. M'entraînant dans un coin plus ou moins sombre du couloir, elle m'a plaqué un fougueux baiser sur les lèvres, me collant au mur du même coup. J'ai souri, tout contre sa bouche. Elle était si... wow, quoi. Je sais, vous appréciez ma clarté à sa juste valeur. Et vous avez bien raison.

- Tu sais, ça devrait être interdit d'être aussi irrésistible... lui ai-je susurré à l'oreille, lui caressant doucement les hanches.

Soudain, j'ai eu une idée. Vu que la dernière en date qui impliquait Leiko était de lui faire l'amour sous la douche, vous êtes sûrement en train de vous méfier. Vous avez raison. J'allais la punir d'être aussi... Leiko.
Mais bon, la punition aurait un goût délicieux... Tant pour elle que pour moi.
Car la fin du monde, c'était aujourd'hui.

Je marchais tranquillement dans les couloirs, en profitant à fond de cette super école et en souriant. Attendez...Vous y avait vraiment cru? Je marchais dans les couloirs en soupirant toutes les trois secondes parce que je détestais aller en cours. Voilà qui est mieux.

Mais soudain je LA vis. Elle. La fille qui faisait battre mon coeur, qui me rendait pathétiquement romantique et niaise. Celle que j'aimais. La fille la plus magnifique du monde, de l'univers même.

-Mina.

J'étais tellement contente de la voir! Depuis quelques jours, on se croisait à peine, tellement on était surchargées. Son beau visage m'avait manqué. Je ne la laissai même pas parler, j'avais besoin de l'embrasser. Je l'entraînai donc dans le couloir et plaquai ma bouche contre la sienne. Ca faisait du bien...J'étais devenue dépendante à elle, à son corps, à sa bouche, à ses beaux yeux...Tout en elle m'attirait.

- Tu sais, ça devrait être interdit d'être aussi irrésistible...

Je souris. Sa voix aussi m'avait manqué. Douce, avec toujours un accent malicieux qui me faisait fondre.

-Je peux te retourner le compliment..., soufflai-je. Jolie panthère...Enfin moins que toi bien-sûr!

Je venais de remarquer l'animal qui la suivait. Bien-sûr elle ne pouvait pas se contenter d'un petit poisson rouge...Les panthères ça fait tout de suite plus majestueux! Et oui, on a la classe ou on l'a pas, hein, qu'est ce que vous voulez que je vous dise.

-Je peux te retourner le compliment... Jolie panthère...Enfin moins que toi bien-sûr!

Que répondre à cela? J'ai raffermi ma prise sur ses hanches, la plaquant un peu plus contre moi, et ai de nouveau pris sa bouche, passionnément. Puis je me suis reculée, faisant comme si Schlack me parlait. J'ai écarquillé les yeux. Plan FDM, 1ère phase : phase de comédie.

- J'ai... ai-je hésité. Leiko, elle dit que les Mayas ont raison. Elle dit que c'est la fin du monde aujourd'hui. Les animaux sentent ces choses-là, tu sais.

Bon. J'estimais que mon ton était assez convaincant. Restait à verser quelques larmes pour faire plus réaliste. Je devais penser à des choses déprimantes. Le fait d'être loin de mes parents, de... Non, en fait, je m'en fichais. Bizarre. Ah! J'ai regardé Leiko. Je me suis imaginé qu'elle était gravement blessée, à l'agonie, que peut-être je ne la reverrai jamais. Presque immédiatement, j'ai senti les larmes couler. Leiko était ma drogue. Si elle mourrait...

- Leiko, je ne veux pas mourir... Et, plus que tout, je ne veux pas TE voir mourir...

Mon Dieu, j'allais finir par y croire moi-même. Je m'en voulais de lui faire subir cela, mais on ne se voyait presque plus, ces derniers temps, et cela me manquait. Beaucoup. Je me sentais... partielle. Incomplète. Divisée. Morcelée.

Et, s'il fallait feindre de croire en la fin du monde pour pouvoir enfin passer outre nos emplois du temps de ministre et passer un peu de temps toutes les deux, je le ferais sans hésiter.
D'ailleurs, je m'y employais déjà.

- J'ai... Leiko, elle dit que les Mayas ont raison. Elle dit que c'est la fin du monde aujourd'hui. Les animaux sentent ces choses-là, tu sais.

Je la fixai un moment, sans trop savoir quoi penser. Est ce qu'elle se foutait de ma gueule? Parce que, c'était vraiment gros cette histoire de fin du monde. Il n'y avait que les imbéciles et les fous qui y croyaient...Non? Je commençai à douter, surtout quand je vis des larmes couler le long de ses joues. Elle...Elle pleurait?

-Leiko, je ne veux pas mourir... Et, plus que tout, je ne veux pas TE voir mourir...

Je me mordillai la lèvre, indécise. Et si c'était vrai? Ses pleurs paraissait vraiment sincères, tout comme ses yeux suppliants. Peut-être qu'en fait c'était vrai. La fin du monde, je veux dire.

-Tu...Tu y crois? lui demandai-je tout en essuyant ses larmes.

Toutes mes convictions s'écroulaient, doucement mais sûrement. C'était plus fort que moi, je ne pouvais pas ne pas croire ce que disait Mina. Elle était tellement persuasive, convaincante...et belle! Je sais, ça n'a aucun rapport. Mais il fallait que je le dise.

A travers mes larmes, j'ai vu que l'expression de Leiko changeait, passant de l'incrédulité la plus totale à une hésitation des plus attendrissantes.

-Tu...Tu y crois? a-t-elle demandé, essuyant doucement mes larmes du bout des doigts.

J'ai senti un étau douloureux me comprimer. Lentement. Je m'en voulais de lui faire subir ça. Je sais, je l'ai déjà dit. Mais... ah, Dieu, son air perdu était... irrésistible! Impossible de ne pas fondre devant tant de mignonesse. Oui, j'invente des mots. Problème?

J'ai baissé la tête. J'irais en enfer, c'était sûr et certain. Mais si je me damnais, autant le faire avec application.

- Je... j'aimerais ne pas y croire. Mais... si c'était vrai? Je ne peux pas m'empêcher de... d'y croire quand même...

Mina, Mina. Tu. Es. Une. Salope. Franchement, Leiko était tellement crédule... C'était vraiment craquant. Attendrissant. En tout cas, avec mon humour pourri et incongru elle apprendrait à ne pas croire tout ce qu'on lui disait.
Oui bon, j'essaie de me déculpabiliser, j'avoue.

[Ah là là, cette Mina xDDD]

Je ne savais vraiment plus quoi penser. Je m'étais toujours moquée de ceux qui y croyaient mais...il y avait Mina. Elle ne me mentirait pas, non? C'est un peu le principe de l'amour: l'honnêteté. Sans ça, un couple n'est pas un couple! Ma phrase ne veut rien dire, je sais, mais je le vis bien.

-Mais...je n'ai pas envie de mourir...

Franchement, je crois que j'avais perdu toute mon intelligence dans la douche. Et pas dans n'importe quelle douche,hein, celle de son bunker... J'avais le cerveau d'une fillette de 5 ans! Mais j'hésitais trop, je n'y comprenais plus rien. Qu'est ce que j'étais censée faire, qu'est ce que j'étais censée croire?

-Tu me le dirais si c'était faux, hein? , demandai-je, prise d'un soudain doute.

Bon, j'avoue que la confiance c'est aussi important dans un couple. Mais ça sera pour une autre fois, parce que là j'avais vraiment trop peur de passer pour une idiote si je la croyais du premier coup alors que c'était faux. En même temps, j'avais du mal à penser que c'était un mensonge, surtout quand j'avais la mauvaise idée de croiser son regard. C'était impossible de résister à un si beau regard!

-Mais...je n'ai pas envie de mourir...

Dieu. Oh, Dieu. Ces yeux... Irrésistibles. Comment arrivais-je à lui mentir? Moi-même, je ne le savais pas. Pire, comment pouvais-je lui mentir? J'étais égoïste. Nombriliste. Je ne pensais qu 'à mon propre bien. Je la voulais, alors je mettais tout en oeuvre pour l'avoir. C'était ma manière de faire. Stupide. Méchante. Mais elle était ancrée en moi. Tatouée en sur ma peau, gravée au fer rouge dans mon âme. Dans mon âme malade d'Amour et d'amertume.
J'étais une salope. Une salope menteuse. Mais autant faire les choses jusqu'au bout.

Je n'osais plus la regarder dans les yeux. J'avais honte. Trop honte. Je l'aimais. Je l'aimais tant que je lui faisais du mal. Elle ne le savait pas pour le moment, mais quand elle le saurait... Elle m'en voudrait. Elle était une flamme, qui se consumait sans discontinuer. Qui brûlerait pendant des années et des années. Elle était ardente. Elle était brûlante. Elle était encore innocente. Et je la dupais.

Enfin, j'ai levé un regard accablé de mille reproches. De mille regrets. De mille remords. Malgré tout, j'espérais qu'elle allait mettre cela sur le compte de ma peur de la fin du monde imminente. Je ne voulais pas avoir vendu mon âme au diable pour rien.

Je l'ai regardée. Ses étaient un peu vitreux, et une lueur d'incompréhension de plus craquantes scintillait dans ses beaux yeux de jais. J'ai posé mes mains sur ses épaules, puis je l'ai attirée à moi et je l'ai enlacée, tendrement. Doucement. J'ai posé ma tête sur son épaule. Là, sa délicieuse odeur me chatouillant les narines, je me suis laissée aller. Les larmes ont commencé à rouler sur mes joues, flot continu d'émotions négatives. Je pleurais plus que Leiko, c'était un comble! Non seulement j'étais centrée sur ma personne, mais en plus j'étais une fontaine de larmes, maintenant. Génial.

A ce moment-là tout particulièrement, j'aurais aimé pleurer comme les héroïnes de roman ou de cinéma, avec simplement des larmes. Moi, quand je pleurais, j'étais secouée de tremblements, je n'arrivais parfois plus à respirer et, pire que tout, j'avais des atroces migraines une fois que la crise était passée.

Là, il était impossible de lui cacher que je pleurais. Je tremblais, et mes larmes coulaient sans discontinuer, humidifiant sans doute son pull. Et puis, Leiko était loin d'être stupide. Elle était intelligente. Brillante. Et je pleurais bien trop. Elle allait se douter de quelque chose. Forcément.

-Tu me le dirais si c'était faux, hein? avait-elle demandé, tout à l'heure.

Je n'avais osé lui répondre, rongée par la culpabilité, mais il le fallait, pour paraître crédible.
Sinon, elle allait se douter de quelque chose. Elle se doutait déjà sûrement de quelque chose, au vu de ma phénoménale et spectaculaire crise de larmes.

J'ai relevé la tête et ai plongé dans un univers d'étoiles et de galaxies infiniment scintillantes. Et attirantes. Mais tellement ténébreuses... J'aurais pu me perdre dans les yeux de Leiko pour l'éternité tellement ils me troublaient. En cet instant, tout me poussait à lui révéler la vérité, m'excuser, à m'agenouiller devant elle s'il le fallait. Tout, tout pour qu'elle comprenne et me pardonne. Mais elle irait retourner travailler (il était sûr et certain qu'elle avait du travail, nous en avions toujours) et je la perdrais peut-être, parce qu'elle allait - et elle aurait parfaitement raison - le prendre mal.

- Oui... ai-je murmuré, essayant de me convaincre moi-même. Oui...

Comme une litanie. Une litanie de mensonges éhontés et honteux.